Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/304

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LETTRE DE FLORICE A HYLAS


Quand vous verrez cette escriture, peut-estre vous souviendrez-vous d’en avoir veu autresfois, lors que vous aymiez celle qui vous escrit et que vous avez tant offencée. Que s’il avient ainsi, jugez quelle est l’amitié que je vous ay portée, puis qu’apres un si grand outrage, elle me fait mettre la main à la plume, pour vous faire sçavoir l’estat où se trouve celle que vous avez tant aymée, et qui vous ayme encores plus que toutes les choses du monde, en despit de toutes les injures que vous luy avez faites. Sçachez donc que sans y penser, et en feignant, je me vois toute à un autre remede, sinon que vous vueillez à cette heure celle que vous avez desja voulue tant de fois, m’asseurant que mes parens choisiront tousjours plustost vostre alliance que celle de Teombre, à qui, helas ! je suis destinée, si vous ne m’aymez autant que je vous ayme.


Lorsque ceste lettre me fut apportée, j’estois en peine du bruit qui couroit de ce mariage ; et quoy que je feusse, ce me sembloit, fort resolu d’estre tout à Dorinde, si est-ce que je ne laissois de res