Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/329

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prit sous les bras, et continuant : Afin de ne m’estre point obligée, vous ne voulez pas seulement nier ma patience, mais voulez encore que je vous sois redevable de ce que vous m’avez escouté. Quelle loi est celle-là ? C’est celle que le seigneur, dit-elle, impose à son esclave… - Mais plustost, dit-il, le tyran à son peuple. – Et comment, repliqua Phillis, me tenez-vous pour un tyran ? Il y a pour le moins ceste difference, que je n’use point de force ny de violence sur vous. – Pouvez –vous, respondit Hylas, dire ces paroles sans rougir ? Et pouvez-vous penser que si ce n’estoit par force, Hylas demeurast si long temps en vostre puissance ? – Et où sont mes liens, dit-elle ; où sont mes fers et mes prisons ? – Ah ! ignorante ou trop dissimulée bergere, vos chaisnes sont tellement indissolubles, que moy qui suis, s’il faut dire ainsi, le mesme franchise et liberté, n’ay pas seulement le vouloir de m’en delivrer. Or jugez si vos nœuds estreignent bien fort, puis que Hylas en est si fort attaché, Hylas, dis-je, que cent beautez et unies separées, n’ont jamais peu arrester.

Cependant Paris ayant repris Diane sous les bras, Silvandre pour sa discretion, demeura sans party quelque temps ; car il voulut bien forcer son affection, et ceder sa place à Paris, pour rendre ce devoir à sa bergere, qui, le remarquant, luy en sceut gré, d’autant que toutes