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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/330

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ces honnestes bergeres estoient bien ayses de rendre tout sorte de devoir au gentil Paris, qui à leur consideration quittoit la grandeur où sa condition l’avoit eslevé. Et de fortune, Madonte estant seule, parce que Tersandre s’estoit amusé avec Laonice, Silvandre la prit sous les bras, et s’avaçant devant la troupe, resolut de continuer le voyage avec elle. Et quoy que ce berger s’y fust au commencement addressé pour ne sçavoir où trouver mieux, si est-ce qu’apres il en fut fort satisfait ; car ceste bergere estoit belle et discrette, et avoit des traicts de visage, et des façons qui ressembloient fort à celles de Diane, non pas qu’elle fust si belle, n’y qu’estant ensemble, cette conformité se peust bien remarquer, mais estant separées, elles avoient quelque chose l’une de l’autre.

Or Silvandre marchoit de ceste sorte, et ne pouvant estre aupres de Diane, estoit bien aise de voir en Madonte quelque chose qui en eust de marques, mais plus encores, lors qu’entrant en discours, il remarqua quelques accents et quelques responces qui la luy representoient encor plus vivement. Cela fut cause que depuis ce jour il se pleut d’avantage en sa compagnie, mais il paya peu de temps apres bien cherement ce plaisir. Tircis entretenoit Astrée ; Paris, Diane ; Hylas, Phillis : de sorte que Tersandre fut contraint, voyant sa place prise par Silvandre,