Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/331

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de s’arrester avec Laonice. Elle qui avoit tousjours l’œil sur Phillis et sur Silvandre, remarqua assez aisément que le berger ne se desplaisoit point avec Madonte ; et afin d’en sçavoir d’avantage, elle pria Tersandre de s’approcher d’eux, ce que la jalousie qu’il en concevoit desjà luy fit faire aysément, mais ils ne peurent ouyr que des propos assez communs.

Ils ne marcherent pas un demy quart d’heure le long de quelques prez, que Silvandre leur monstra du doigt le bois où il les vouloit conduire, et peu apres ayant passé quelques hayes, ils entrerent dans un taillis espais et parce que le sentier estoit fort estroit, ils furent contraints de se mettre à la file, et continuerent de ceste sorte plus d’un trait d’arc. En fin Silvandre, qui comme conducteur marchoit le premier, fut tout estonné qu’il rencontroit des arbre pliez les uns sur les autres en façon de tonne, qui luy coupoyent le chemin. Toute la troupe passant à travers les petits arbres, s’approcha pour sçavoir ce qui l’arrestoit, et voyant qu’il n’y avoit plus de chemin : Et quoy, Silvandre (dit Phillis) est-ce ainsi que vous conduisez celles qui vous prennent pour guide ? – J’avoue, dit le berger, que j’ay laissé le chemin par où j’ay passé ce matin, mais c’est qu’il m’a semblé que cestuy-cy estoit le plus court et le