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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/333

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Au devant de l’entrée, il y avoit un petit pré de la largeur de trente pas ou environ, qui estoit tout environné de bois de trois costez, de sorte qu’il ne pouvoit estre apperceu que l’on n’y fust. Une belle fontaine qui prenoit sa source tout contre la porte du temple ou plustost cabinet, serpentoit par l’un de costez, et l’abbreuvoit si bien, que l’herbe fraische, et espaisse, rendoit ce lieu tres-agreable. De tout temps ce boccage avoit esté sacré au grand Hesus, Teutates et Tharamis. Aussi n’y avoit-il berger qui eust la hardiesse de conduire son troupeau, ny dans le boccage, ny dans le preau ; et cela estoit cause que personne n’y frequentoit guiere, de peur d’interrompre la solitude et le sacré silence des nymphes, Pans et Egipans. L’herbe qui n’estoit point foulée, le bois qui n’avoit jamais senty le fer, et qui n’estoit froissé ny rompu par nulle sorte de bestail, et la fontaine que le pied ny la langue alterée de nul troupeau n’eust osé toucher, et ce petit taillis agencé en façon de tonne, ou plustost de temple, faisoyent bien paroistre que ce lieu estoit dedié à quelque divinité. Cela fut cause que tous ces bergers s’approchans avec respect de l’entrée, avant que de passer outre, y leurent des vers qui escris sur une table de bois, estoyent attachez au milieu d’un feston, qui faisoit le tour de la voute de la porte. Les vers estoient tels :