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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/334

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Loin, bien loin, profanes esprits :
Qui n’est d’un sainct amour espris,
En ce lieu sainct ne fasse entré
Voicy le bois où chasque jour,
Un cœur qui ne vit que d’amour,
Adore la déesse Astrée.

Ces bergers et bergeres demeurerent estonnez de voir ceste inscription, et se regardoient les uns les autres, comme se voulant demander si quelqu’un de la trouppe ne sçavoit point ce que c’estoit, et s’il n’avoit point veu cecy autrefois. Diane en fin s’adressant à Silvandre : Est-ce icy, berger, luy dit-elle, où vous nous voulez conduire ? – Nullement, respondit le berger, et je ne vis de ma vie ce que je vois. – Il est aysé à cognoistre, adjousta Paris, que ces arbres ont esté pliez comme nous le voyons depuis peu de temps, car les lièvres en sont ensor toutes fresches. Si faut-il que nous sçachions ce que c’est ; mais de peur d’offencer la deité à qui ce boccage est consacré, n’y entrons point qu’avec respect, et apres nous estre rendus plus nets que nous ne sommes.

Chacun s’y accorda, sinon Hylas, qui respondit que, quant à luy, il n’y avoit que faire, et encor qu’il pensast de bien aymer, que toutesfois Silvandre luy avoit tant dit le contraire,