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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/339

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tirer que tous deux ensemble ; et les carquois qu’ils avoyent sur les espaules estoyent bien plains de fleches, mais à la couleur des plumes on connoissoit bien que celles qui estoient en l’un appartenoient à l’autre, parce que dans le carquois doré, les flèches estoient à plumes argentées et dans l’argenté les dorées.

Cette troupe eust demeuré long temps sans entendre cette peinture, si le berger Silvandre, par la priere de Paris, ne la leur eust declarée. Ces deux amours (dit-il) gentile troupe, signifient l’Amant et l’Aymé. Cette palme et ce mirte entortillez signifient la victoire d’amour, d’autant que la palme est la marque de la victoire et la mirte de l’amour. Doncques l’Amant et l’Aimé s’efforcent à qui sera victorieux, c’est à dire à qui sera plus amant. Ces flambeaux dont les flames sont assemblées et qui pour ce subjet sont plus grandes, montrent que l’amour reciproque augmente l’affection. Ces arcs entrelassez et liez de sorte ensemble que l’on ne peut tirer l’un sans l’autre, nous enseignent que toutes choses sont tellement communes entre les amis que la puissance de l’un est celle de l’autre, voire que l’on ne peut rien faire sans que son compagnon y contribue autant du sein : ce que le chan- gement des fleches nous apprend encores mieux. On peut encore cognoistre par cette assemblée