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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/346

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Hylas, tu m’apporterois icy ce que tu tiens en la main pour me le faire voir. – Si tu juges, repliqua Silvandre, que ce saint lieu seroit profane par ton corps, à plus forte raison dois-je penser que ces saintes loix le seroient beaucoup plus si par la lecture que tu en ferois, ton ame en avoit communication. Car ce n’est que pour l’imperfection qui est en elle, que tu avourois que ton corps est profane et indigne d’entrer icy.

Toute la troupe se mit à rire, et quoy que l’inconstant voulust repliquer, si ne fut-il point escouté, parce que Silvandre ayant remis le tableau sur les gazons, et blaisé les deux coings de cet autel rustique, chacun suivit Paris qui, trouvant une porte faite d’ozier, passa de ce lieu en un autre cabinet beaucoup plus ample. Il y avoit au dessus de la voûte de la porte un feston où pendoit un tableau dans lequel ces vers estoient escrits.


Madrigal


Le Temple d’amitié
Ouvre sans plus d’entrée
Du sainct temple d’Astrée,
Où l’amour qui m’ordonne
De la servir tousjours,
Comme jadis je luy donnay mes jours,
Veut qu’ores je luy donne
Les tristes nuits