Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/347

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De mes ennuis.

Astrée fut celle qui s’y arresta le plus : fust qu’à cause de son nom, il luy semblast qu’elle y eust le plus d’interest, ou qu’oyant parler de la vie des ennuis, elle pensast que cela se deust entendre de la fortune du pauvre et infortuné Celadon. Tant y a qu’elle considera longuement ceste escriture ; et cependant, le reste de la trouppe estant passé plus outre et trouvant une voûte faite comme la premiere, mais beaucoup plus ample, d’abord tous se jetterent à genouil et ayant avec silence adoré la deité à qui ce lieu estoit consacré, Paris comme il avoit des-jà fait, offrit pour toute la trouppe un rameau de chesne sur l’autel. Il estoit de gazons comme l’autre, sinon qu’il estoit fait en triangle, et au milieu sortoit un gros chesne qui, se poussant un pied par dessus les gazons avec un tronc seulement, se separoit en trois branches d’une esgale grosseur, et se haussant de ceste sorte plus de quatre pieds, ces branches venoient d’elles-mesmes à se remettre ensemble, et n’en faisoient plus qu’une qui s’eslevoit plus haut qu’aucun arbre de tout ce boccage sacré. Il semble que la nature eust pris plaisir de se jouer en cet arbre, ayant d’un type tiré ces trois branches, et puis si bien reunies (sans ayde de