Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/349

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tourna vers Phillis : N’avez-vous jamais veu (luy dit-elle), mon serviteur, personne à qui ce pourtrait ressemble ? Phillis le considerant d’avantage : Voilà, luy respondit-elle, le pourtrait d’Astrée. Je n’en vis jamais un mieux fait, ny qui luy ressemblast d’avantage ; mais, continua-t’elle, vous semble-t’il qu’on ne l’ait pas voulu rendre recognoissable ? N’a-t’elle pas en la main la mesme houlette qu’elle porte. Et lors prenant celle qu’Astrée tenoit : Voyez, ma maistresse, ces doubles C, et ces doubles A, entrelassez de mesme sorte tout à l’entour, et comme l’endroit où elle le prend, quand elle la porte, est garny de mesme façon, et les fers d’en bas de cuivre, avec les mesmes chiffres ; et le sifflet qui est en haut, representant la moitié d’un serpent, comme il se tourne de mesmes. –Vous avez raison, dit Diane, mesme que je vois icy Melampe couché à ses pieds. Il est bien recognoissable aux marques qu’il porte. Voyez la moitié de la teste, comme il l’a blanche et l’autre noire, et sur l’aureille noire la marque blanche. Si l’autre oreille n’estoit cachée, il y a apparence que nous y verrions la marque noire, car le peu qui s’en voit au haut de la teste et au dessus paroist estre blanc. Voyez aussi cette marque blanche autour du col en façon de colier, er l’eschancrure du poil noir qui se tournant en demy lune dessus les espaules, finit de mesme sur la crouppe où le