Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/350

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blanc recommence. On n’y a pas mesme oublié ceste bande noire et blanche tout le long des jambes.

Silvandre s’approchant d’elle : Et moy, dit-il, j’y recognois entre ce troupeau la brebis qu’Astrée ayme le plus. La voylà, toute blanche sinon les aureilles qu’elle a noires, le nez, le tour des yeux, le bout de la queue et l’extremité des quatre jambes ; et afin qu’elle ne fust pas mescogneue, regardez les nœuds que je luy ay veu porter plusieurs fois à l’entour des cornes en façon de guirlande. Astrée oyant tous ces discours, demeuroit estonnée et muette, sans faire autre chose que regarder avec admiration ce qu’elle voyoit. Toutesfois s’avançant pres de l’autel, et voyant plusieurs petits roulleaux de papiers espars dessus, elle en prit un, et le desliant toute tremblante, y trouva ces vers.


Privé de mon vray bien, ce bien faux me soulage.
Passant, si tu t’enquiers qui, dedans ce boccage,
M’a donné ce pourtraict,
Sçache qu’Amour l’a faict,
Qui privé du vray bien, d’un bien faux me soulage.
 
Pressé de la douleur je luy tiens ce langage,
Banny de la moitié
Permettez par pitié,
Que privé