Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/351

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du vray bien, ce bien faux me soulage.
Confiné dans ce lieu que pour vous rendre hommage
Je vous ay consacré,
Ayez au moins à gré
Que privé du vray bien, ce bien faux me soulage.
S’il ne m’est pas permis de voir vostre visage,
Ces beaux traits pour le moins
Serviront de tesmoings,
Que privé du vray bien, ce bien faux me soulage.
Je leur dis, ô beaux traits que je retiens pour gage
Que nul autre amoureux
Ne fut onc plus heureux,
Privé de mon vray bien, ce bien faux me soulage.
Je les adore donc, non pas comme une image,
Mais comme dieux tres grands,
Car par effet j’apprends
Que privé du vray bien, ce bien faux me soulage.

Astrée estant retirée à part, lisoit et consideroit ces vers, et plus elle regardoit l’escriture, et plus il luy sembloit que c’estoit de celle de Celadon ; de sorte, qu’apres un long combat en elle-mesme, il luy fut impossible de retenir ses larmes, et pour les cacher elle fut contrainte de tourner