Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Privé de mon vray bien, ce bien faux me soulage.

autour d’un petit pourtrait qu’il avoit de moy, et qu’il portoit au col dans une petite boite de cuir parfumé. – Voyons, dit Phillis, ce qu’il y a dans ce papier que je tiens en la main, et que j’ay pris au pieds de vostre image.

Sonnet


Qui ne l’admireroit ! et qui n’aymeroit mieux
Errer en l’adorant plein d’amour et de crainte,
Et rendre courroucez contre soy tous les dieux,
Que n’idolatrer point une si belle Saincte ?

Mais qu’est-ce que je dis ? en effet elle est peinte.
La belle que voicy, ce ne sont pas des yeux,
Comme nous les croyons, ce n’en est qu’une fainte,
Dont nous deçoit la main du peintre ingenieux.

Ce ne sont pas des yeux ? si ressens-je la playe,
Quoy que le trait soit faint, toutesfois estre vraye,
Fuyons donc, puis qu’ainsi les coups nous en sentons.

Mais pourquoy fuyrons-nous ? La fuite en est bien vaine,