Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

amitié qu’il a portée à ceste bergere ? – Si cela est, repliqua Silvandre, pourquoy ne dois-je esperer de trouver les dieux aussi justes et favorables que luy, puis que mon amitié ne cede ny à la sienne ny à nulle autre, soit en ardeur, soit en vertu. – Mais, dit Astrée, si les dieux luy ont fait cette grace que vous dittes, ne seroit-ce point impieté en luy rendant le devoir de la sepulture de le faire partir de cette contrée, et luy ravir le contentement ? – Nullement, respondit Tircis, car la grace que les dieux luy ont faite en cela n’a esté que pour soulager la peine que continuellement il reçoit, estant contraint de demeurer sous un ciel si contraire à son naturel.

Ces bergers discouroient de ceste sorte, quand Phillis, considerant tout ce qui estoit en ce lieu, jetta sa veue sur un endroit où il y avoit apparence que quelqu’un se fust mis bien souvent à genoux, car la terre en avoit les marques bien imprimées. Et parce que cela estoit vis à vis de l’autel, et qu’elle y vit un rouleau de parchemin attaché à une hart ou tortis de saule, elle s’y en alla pour voir ce que c’estoit, et le desployant trouva ces parolles.

Oraison à la déesse Astrée