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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/363

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Grande et toute-puissante déesse, encore que vos perfections ne puissent estre esgalées, il ne faut que nos sacrifices, ne pouvant estre tels que vous meritez, laissent de vous estre agreables, puis que si les dieux ne recevoient que ceux qui sont dignes d’eux, il faudroit qu’eux-mesmes fissent la victime. Or ce que je viens offrir à vostre deité, c’est un cœur et une volonté, qui n’ont jamais esté dediez qu’à vous seule. Si ceste offrande vous est agreable, tournez vos yeux pleins de pitié sur ceste ame qui les a toujours trouvez si pleins d’amour, et par un acte digne de vous, sortez-la de la peine où elle demeure continuellement, et la mettez au repos duquel son malheur et non son demerite l’a jusques icy esloignée. Je vous requiers cette grace par le nom de Celadon, de qui le memoire vous doit plaire, si celle du plus fidelle et affectionné de vos serviteurs, peut jamais avoir obtenu de vostre divinité ceste glorieuse satisfaction.

Phillis faisant signe de la main, et appellant Astrée : Venez lire, luy dit-elle, ma sœur, ce que Celadon