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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/364

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vous demande, et vous connoistrez que Tircis vous a dit vray. Et lors s’estant tous approchez, elle releut tout haut cette oraison, qui ne fut pas sans qu’Astrée accompagnast ses parolles de larmes, encores qu’elle se contraignit le plus qu’il fut possible ; mais elle ne pouvoit ressentir ces desplaisirs avec une moindre demonstration. Et lors que Phillis eust parachevé. Vrayement, dit Astrée, je satisferay à sa juste demande. Et puis que ses parents ne luy rendent pas le devoir, à quoy la proximité les oblige, il recevra de moy celuy d’une bonne amie.

A ce mot, sortant de ce lieu, apres avoir honoré l’autel des dieux, toute cette trouppe retourna vers Hylas qui, en les attendant, n’avoit point esté oisif ; car les voyans tous attentifs dans l’autre cabinet, il entra dans celuy où estoient les douze tables des loix d’amour. Et quoy qu’il en redoutast l’entrée, si est-ce que, mesprisant la force d’amour, luy semblast qu’il na luy pouvoit faire pis, que luy faire perdre sa maistresse, à quoy il sçavoit de tres-bons remedes, il entra à la desrobée dedans : et prenant le tableau qui estoit sur les gazons, voulut ressortir incontinent dehors ; croyant que s’il offençoit en y entrant, que moins il y demeureroit, moindre aussi seroit son offence. Et de fortune le prenant à la haste, et s’en retournant de mesme, il hurta contre un des costez