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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/369

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effaçoit avec la pointe d’un cousteau ; et y ayant raclé un peu de son ongle les en couvroit, et puis le polis- soit, fust avec l’ongle mesme, fust avec le dos du cousteau, et en fin escrivoit dessus ce qu’il y avoit changé ; ce qu’il fit si proprement qu’il estoit mal aisé de le recognoistre. Et incontinent r’entrant dans le cabinet, mit le tableau en sa place, et ressortit avec la mesme diligence, sans estre apperceu de personne : ce qu’il fit un peu auparavant qu’Astrée et le reste de la trouppe revint, de sorte qu’il fut trouvé assis à l’entrée, feignant de s’y estre endormy. Et parce qu’Astrée qui sortoit la premiere toute triste, ne pris pas garde à luy, il ne fit point aussi semblant de se lever ; mais quand Phillis qui venoit apres l’apperceut en ceste posture : Et qu’est-ce ? Luy dit-elle, Hylas, que vous faites icy, cependant que nous venons de voir les plus grandes merveilles qui soient en toute la rive de Lignon ? – J’ay une pensée, respondit Hylas se levant froidement, et se frottant les yeux, qui me tourmente plus que je ne me fuße jamais peu persuader. – Et qui est-elle ? adjousta Phillis. – Je la vous diray, respondit l’inconstant, si vous me promettez de faire une chose dont je vous supplieray. – Je n’ay garde, dit-elle, de m’obliger de parole sans sçavoir ce que vous voulez. – Vous le pouvez faire, dict Silvandre en sousriant, en y adjoustant les conditions, contre lesquelles il