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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/371

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mien, que ce berger ne l’ait fait, voire bien souvent il en a recherché les moyens avec artifice, comme en l’injuste sentence qu’il donna contre Laonice, parce que j’avois parlé pour elle, y ayant peu d’apparence qu’une morte fust preferée à ceste belle et honneste bergere. De sorte que repassant ces choses en ma memoire, je suis entré en doute, que continuant ceste volonté de me contrarier, il ait peut-estre leu les ordonnances de ce dieu d’autre façon qu’elles ne sont pas escrittes dans le tableau qu’il tenoit. C’est pourquoy je vous veux conjurer non seulement par la promesse que vous venez de me faire, mais par l’honneur que vous devez, soit à l’amour, soit à la deité qui est adorée en ce boccage, que vous preniez la peine d’y rentrer et de m’apporter le tableau où ces loix sont escrites, afin que les lisant moy-mesme, je puisse sortir du doute où je suis, et apres suivre les ordonnances que j’y trouveray tout le reste de ma vie. Ceste requeste, Silvandre, (continua-t’il s’addressant à luy) est-elle inciville, et contre l’honnesteté d’une sage bergere ? – Nullement, respondit Silvandre, mais je crains qu’elle soit plus-tost inutile. – Or sus (dit Hylas), faisons une autre promesse entre nous : promettez-moy devant ceste trouppe, que tout le reste de vostre vie vous suivrez les commandemens que vous y trouverez escrits, et je