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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/373

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ouyt qu’il disoit qu’on ne devoit pas aymer infiniment. Ah ! berger, lisez bien, luy dit-il, vous trouverez autre chose. – A la peine du livre, dit froidement Hylas. Et lors il montra l’escriture à Phillis, qui leut comme luy. – Cela ne peut estre, dit Silvandre. Et lors s’approchant, il le voulut lire sans se fier à personne, et Hylas serrant le tableau contre son estomac : C’est un grand cas, dit-il, que celuy qui a accoustumé de tromper, a tousjours opinion qu’on l’abuse. Je me doutois bien que vous lisiez autrement qu’il n’estoit pas escrit, et si vous le voyez vous-mesme, l’advouerez-vous devant ceste trouppe ? – J’advoueray sans doute, dit Silvandre, la verité, mais permettez que je la lise. – Il suffit, dit Hylas, ce me semble, que Phillis l’ait veue, et vous devez bien vous en fier à elle. – Je le ferois, respondit Silvandre, si elle vouloit dire la verité, mais c’est par jeu ce qu’elle dit. – Je vous jure, dit Phillis, qu’il a leu comme il est escrit, et non au contraire. – Je ne sçaurois, dit-il, le croire si je le vois. – Or si vous n’avez assez de le voir, dit Hylas, touchez-le, et lisez-le vous mesme, pourveu que ce soit fidellement.

Et lors Silvandre, recevant le tableau, et jurant qu’il liroit sans rien changer, il en recommença la lecture. Mais quand il y trouva ce que Hylas avoit dit, il ne sçavoit qu’en penser, et plus encores lors que continuant il trouva les couplets tous