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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/374

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changez. – Et bien, dit Hylas, que vous en semble, ma maistresse ? Avois-je raison de douter de la preud’hommie de Silvandre, puis qu’il lisoit tout le contraire de ce qui estoit escrit ? Que dites-vous à cela, berger ? disoit-il, s’adressant à Silvandre ; serez-vous homme de parolle ? ou si vous vous desdirez ?

Le berger ne respondit mot, mais plus estonné de ceste avanture que de chose qui luy fust jamais advenue, il alloit considerant ce tableau. Et lors Diane, s’approchant de luy, et jettant le veue dessus, demeura au commencement estonnée, et luy dit : En bonne foy, Silvandre, advouez la verité, la premiere fois que vous nous avez leu ces vers, estoient-ils escrits comme ils sont ? – Ma belle maistresse, dit-il, quand je les ay leus, ils estoient autres qu’ils ne sont, et ne puis penser, s’il estoit autrement, pourquoy je ne les eusse pas aussi bien veus qu’à cette heure. Alors Diane prenant le tableau en la main, regarda l’escriture de plus pres, ce que Hylas appercevant et craignant que sa finesse ne fust recogneue. Or sus, Silvandre, dit-il, il ne faut pas tant de discours ; me voicy prest à tenir parole, et vous, serez-vous parjure ? – Vous me prenez de bien court, dit Silvandre, je ne suis pas sans un grand soupçon de tromperie ; car je sçay fort bien que les loix que j’ay veues estoient telles que je les ay dites, et maintenant je vois tout le contraire ; de sorte que je suis fort en doute que cecy ne soit supposé. – Voilà une tres mauvaise excuse,