Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/375

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dit l’inconstant, et comment pourroit-on avoir fait si promptement un autre tableau ?

Cependant qu’ils parloient ainsi, Diane qui consideroit l’escriture, recogneut qu’encores que l’ancre fut semblable, toutesfois les traits des lettres ne l’estoient pas entierement ; et les regardant encores de plus pres et passant le doigt dessus et secouant le parchemin, une partie des racleures de l’ongle s’en alla. Et lors, opposant l’escriture au soleil, toutes les rayeures s’apareurent aysément ; dont s’estant asseurée : Or sus, dit Diane, vous voicy tous deux hors de dispute, car en un mesme lieu vous trouvez ce que vous cherchez tous deux. Vous, Silvandre, le lisant comme il estoit escrit, et vous, Hylas, comme vous l’avez corrigé. Et lors s’approchant d’eux, elle leur en monstra la preuve, parce que l’opposant au soleil, on voyoit aysément les endroits où le parchemin avoit esté gratté ; et puis le considerant de plus prés, on remarquoit quelques-uns des premiers traits qui n’avoient peu estre assez bien effacez.

Il n’y eut alors personne de la trouppe qui ne recogneut ce qu’elle disoit, et se mettans tout au tour de Hylas : Dites-nous, berger, luy disoient-ils, comment vous avez peu faire ? Hylas se voyant convaincu par la prudence de Diane, fut en fin contraint d’avouer la verité, non pas