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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/376

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toutesfois sans jurer plusieurs fois, que ce n’avoit esté que l’injustice de ces loix qui l’y avoient poussé : Car, disoit-il, elles sont bien tellement iniques, qu’il m’a esté impossible de les souffrir sans les corriger ainsi qu’elles doivent estre. Nul ne peut s’empescher de rire, oyant comme il y parloit ; mais plus encores, considerant l’estonnement que Silvandre avoit eu au commencement.

Et parce qu’il se faisoit tard, et que le sejour en ce lieu avoit esté assez long, Phillis voulut rapporter le tableau où elle l’avoit pris. Mais tous les bergers furent d’avis que les vers fussent corrigez comme ils estoient auparavant, et que Hylas, pour effacer en partie l’offence qu’il avoit faite d’entrer en ce lieu qui luy avoit esté deffendu, et d’avoir osé falsifier des ordonnances d’amour, seroit condamné de rayer luy-mesme ce qu’il y avoit escrit, et de mettre à la marge ce qu’il avoit rayé ; ce qu’il fit à l’heure mesme, plus, disoit-il, pour obeir à sa maistresse que pour apaiser Amour, le courroux duquel il ne redoutoit point sans elle. – Ny aussi, adjousta Silvandre, guiere avec elle. – Je ne vous contrediray jamais, respondit l’inconstant, tant que vous me blasmerez de trop de courage. – Prenez garde, respondit Silvandre, que ce ne soit de presomption et d’infidelité. Si ces dernieres parolles eussent esté ouyes de Hylas, il n’y a point de doute qu’il eut respondu ; mais étant