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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/377

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entré dans le cabinet, elles demeurent sans repartie.

Et cependant toute la troupe s’achemina par un petit sentier que Silvandre avoit choisi ; et parce qu’Astrée n’esperoit plus trouver des nouvelles de Celadon qui luy peussent plaire, elle estoit presque en volonté de s’en retourner, et pour ce sujet laissant Tircis, elle s’approcha de luy : Il me semble, luy dit-elle, berger, qu’il est bien tard pour aller plus outre, et que nous ne sçaurions presque retourner en nos cabanes que la nuict ne nous surprenne. – Il est certain, dit le berger, mais cela ne vous doit pas empescher de continuer vostre voyage puis que vous en estes si pres ; car aussi bien, encor que vous voulussiez retourner, le jour ne vous accompagnera pas jusques à my chemin. Quant à ce qui est de nos troupeaux, ceux à qui nous les avons laissez en garde, les reconduiront bien, pour ce soir en leurs loges. – Mais bien, dit Astrée, comment coucherons-nous ? – Le lieu où je vous veux conduire, respondit Silvandre, n’est pas loing du temple de la bonne Déesse, et je m’asseure que la venerable Chrisante sera bien aise de vous avoir ce soir pour hostesse. – Il faut sçavoir, respondit la bergere, si mes compagnes l’auront agreable. Et lors, les ayant attendues en in lieu où le chemin s’eslargissoit, elle leur proposa ce que Silvandre avoit pensé. Il n’y eut celle qui ne le trouvast fort à propos, puis qu’aussi bien il estoit impossible