Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/381

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depuis qu’on a mis le pied dessus, et selon le bruit commun, il y en a quantité dans ce bois. Que cela soit ou ne soit pas vray, je m’en remets à ce qui en est ; tant y a que Silvandre, suivy de cette honneste trouppe, ne pût de toute la nuit retrouver le chemin, quoy qu’avec mille tours et détours, il allast presque par tout le bois. Et en fin il s’enfonça tellement, que pour se suivre ils estoient contraints de se tenir par les habillement, la nuit étant si obscure qu’elle sembloit expressément estre telle pour empescher qu’ils ne sortissent de ce bois.

Hylas, qui de fortune s’estoit rencontré entre Astrée et Phillis : Je commence, dit-il, ma maistresse, à bien esperer du service que je vous rends. – Et pourquoy ? Dit Phillis. – Parce, respondit-il, que vous n’eustes jamais tant peur de me perdre que vous avez, et qu’au lieu que je vous soulois suivre, vous me suivez. – Vous avez raison, dit-elle, et de tout ce bon changement, vous en devez remercier Silvandre, que toutes-fois vous dites estre vostre plus grand ennemy. – Je ne sçay, adjousta Hylas, s’il me fait souvent de semblables offices, si j’auray plus d’occasion de le remercier de la faveur qu’il est cause que je reçois de vous, que de luy reprocher la peine que je prend. – Quant à cela, dit Phillis, il faut que vous en jugiez apres avoir mis le plaisir et la peine que vous en recevez