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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/386

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en seroit et trop longue et trop ennuyeuse ; mais contentez-vous, je vous supplie, que ce mesme amour qui n’est point incogneu parmy vos hameaux, ne l’est plus non plus parmy les dames et les chevaliers, et que c’est luy qui m’a revestue comme vous me pouvez voir, encor que ma naissance me releve beaucoup par dessus cest estat. – S’il n’y a rien, dit Phillis, qui vous en empesche que la crainte de nous estre ennuyeuse, je responds pour toutes, que cela ne vous doit pas arrester ; car je sçay qu’il y a long temps que nous desirons toutes d’entendre ce discours de vous, et il me semble que nous ne sçaurions trouver un temps plus à propos, puis que voicy une heure que nous ne pouvons mieux employer et que nous sommes seules, je veux dire sans berger. – Quant à moy, adjousta Diane, ce qui me le fait desirer plus particulierement, c’est que ceux qui nous voyent separées l’une de l’autre, me disent que nous nous ressemblons beaucoup ; de sorte que vos fortunes me touchent comme si elles estoient les miennes, et semble que je sois presque obligée de m’en enquerir. – Ce me sera tousjours, dit Madonte, beaucoup de contentement de ressembler à une telle beauté que la vostre ; mais je ne voudrois pas, pour vostre repos, que vos fortunes fussent semblables aux miennes. – Je vous suis obligée, dit Diane, de cette bonne volonté. Mais ne croyez pas que