Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/387

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chacun n’ait son fardeau à porter, et qui nous est d’autant plus pesant que celuy des autres, que celuy-cy est tout à fait sur nos espaules, et que l’autre ne nous touche que par le moyen de la compassion. Que cela donc ne vous empesche de satisfaire à la requeste que nous vous faisons. – Vous me permettrez donc, respondit Madonte, de parler un peu plus bas, afin de n’estre point ouye des bergers qui sont pres de nous ; car j’aurois trop de honte qu’ils fussent tesmoins de mes erreurs, outre que je ne voudrois pas que Tesandre ne pust ouyr, pour les raisons que vous pourrez juger par la suitte de mon discours. Et lors elle commença de ceste sorte.

Histoire de Damon et de Madonte

Il est à propos, sage et discrette trouppe, que de nuict je vous raconte ma vie, afin que couverte des tenebres, j’aye moins de honte à vous dire mes folies, telles faut-il que je nomme les occasions qui me faisant changer l’estat où la fortune m’avoit fait naistre, m’ont contrainte de prendre celuy où vous me voyez. Car encor que je sois avec les habits que je porte et la houlette en la