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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/388

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main, je ne suis pas toutesfois bergere, mais née de parents beaucoup plus relevez. Mon pere, suivant la fortune de Thierry, acquit un si grand credit parmy les gens de guerre, qu’il commandoit en son absence à toutes ses armées, non pas qu’il fut Visigot comme luy, mais s’estant trouvé avec beaucoup d’authorité parmy les Aquitaniens, il fut tant aimé, et tant favorisé de ce roy, qu’il l’obligea de se donner entierement à luy, au service duquel, outre les biens qu’il avoit de ses predecesseurs, il en acquit tant d’autres, qu’il n’y avoit personne en Aquitaine qui se peust dire plus riche qu’il estoit.

Ayant vescu de ceste sorte longues années, tout le malheur qu’il ressentit jamais, fut seulement de n’avoir d’autres enfans que moy. Car encor que sa mort fust violente, si luy fut-elle tant honorable que je la tiens pour l’une de ses meilleures fortunes, puis qu’apres avoir fait lever le siege d’Orleans au cruel Attile, en fin le poursuivant jusques aux champs Cathalauniques, Thierry, Merovée et Ætius, luy donnerent la bataille et le deffirent. Et de fortune mon pere combatit ce jour là à la main droitte de son roy qui avoit eu l’ayle gauche de la bataille, et Merovée la droitte. Et d’autant que tout l’effort d’Attile fut presque sur le costé de Thierry, apres un long combat, le roi Visigot y fut tué et mon pere aussi, qui persé de