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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/39

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mettre plus en peine, ne voulut le nier ny l’advouer, mais luy dit seulement : dites-moy, Lycidas, qu’en pensez-vous ?- Je voy, respondit-il, tant de faintes par tout que mon jugement seroit trop incertain. – Puis donques, adjousta Silvandre, que mes dissimilations empeschent le jugement que vous en pourriez faire, dites-moy, je vous supplie, qu’est-ce que vous en desirez ?- Mes desirs, respondit Lycidas, sont fort peu considerables en ce qui despend de vous, de qui les actions me sont indifferentes, de sorte que je m’en remets bien à vous-mesme. – Puis donc, continua Silvandre, que vous ne m’en voulez dire vostre volonté, s’il y a quelque chose en moy qui vous desplaist, vous n’en devez accuser que vous seul, et le Ciel qui le veut ainsi, et vous armer de patience.

Lycidas vouloit respondre, et peut-estre l’eut fait trop aigrement, si Leonide, qui le prevoyoit ne l’en eust empesché avec excuse qu’elle vouloit ouyr de que Phillis vouliot chantoit, car ils en estoient desja assez pr’s pour ouyr ses paroles, qui estoient telles :

Sonnet contre la jalousie


Amour ne brusle plus,