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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/395

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parce que la dame estoit de mes amies, et le chevalier de ses amis. – Et quoy, luy dis-je, me tenez-vous pour si peu discrete que je ne sçache taire ce qui ne doit pas estre sceu ? – Ce n’est point cette doute, me dit-il, qui m’en empéche mais que vous n’en vueillez mal à mon amy. – Et pour quoy cela, luy respondis-je, puis que l’amour qui est honneste et plein de respect, ne peut offencer personne ?

Je voyois bien, gentilles bergeres, qu’il estoit en peine de ce qu’il avoit à faire ; mais je ne pensois point que ce fust pour son particulier, m’imaginant que s’il eust eu la volonté de m’en parler, il l’eust fait dés long temps, en ayant eu diverses commoditez. Et cela fut cause que je l’en pressay, plus peut-estre que je ne devois. En fin il me dit que de me dire les noms, c’estoit chose qu’il n’oseroit faire, pour plusieurs considerations, mais qu’il m’en feroit voir une lettre qu’il avoit trouvée ce matin mesme. Et à ce mot il mit la main dans sa poche, et me montra la lettre qu’il venoit de m’escrire, que sans difficulté je leus sans en recognoistre l’escriture parce que je n’en vois jamais veu encores. Mais si auparavant j’avois un peu de volonté d’en sçavoir les noms, apres cette lecture j’en eus extréme desir, et lors que je l’en pressois le plus, je le vis sousrire, et ne me dire que de fort mauvaises excuses. – Et quoy,