Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/416

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car pour Tersandre, il ne l’en eust jamais soupçonné. Toutesfois ce qu’il en vid depuis, luy fit croire que celle-cy venoit de luy, comme je vous diray. Quant à moy, encores que je voulusse vivre comme je devois, si ne laissois-je d’avoir une extreme desir de sçavoir ce qu’il y avoit dans ce gand ; et cela fut cause que je me retiray le plustost que je peus pour le voir. Et lors que je fus seule, je sors le papier, et le despliant, je trouve qu’il y avoit telles paroles.

Lettre de Tersandre à Madonte

Comme contraint, et non pas comme m’en estimant digne, je prends la hardiesse, madame, de me dire vostre tres-humble serviteur. S’il faloit que vous fussiez seulement servie de ceux qui sont dignes de vous, il faudroit aussi que ceux-là seuls eussent le bonheur de vostre veue. Car encor que nous n’en ayons les merites, nous ne laissons d’en recevoir les desirs, qui nous sont d’autant plus insupportables qu’ils sont moins accompagnez de l’esperance. Mais si l’Amour, continuant en vous ses ordinaires miracles, vous rendoit agreable une extreme affection, madame, je m’estimerois