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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/435

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oyez ce que je vay dire à cette belle ; et si je ne suis veritable, ô dieux ! vous n’estes point justes si vous ne me punissez devant ses yeux. Et lors se tournant vers moy : Te ne veux point à cette heure (continua-t’il) ny m’excuser, ny vous accuser, belle Madonte, pour le choix qu’il vous a pleu de faire à mon desadvantage de Tersandre, mettant en oubly tant de serments jurez et tant de dieux appellez pour tesmoins. Mais je me plaindray bien de ma fortune, qui n’a voulu que j’évitasse le malheur que j’avois preveu. Dés que Leriane s’approcha de vous, il sembla que quelque demon me predisoit le mal qu’elle me devoit pourchasser. Vous sçavez combien de fois nous avions resolu de ne nous fier en elle, mais mon mauvais destin plus fort que toutes nos resolutions, vous fit changer de pensée, et a voulu que vous l’ayez aymée. Puis que vous en avez eu du contentement, encor que j’en aye souffert le plus cruel tourment qu’une ame puisse ressentir, j’en loue les dieux, et les supplie qu’ils le vous continuent. Si, est-ce qu’il m’est impossible de vous laisser plus long-temps en doute de ma fidelité, et quoy que je sçache que ce sera inutilement, et que vous n’en croirez rien, si vous diray-je la malice avec laquelle elle a ruiné mon bon-heur.

Et en ce lieu il me raconta l’amour que Leriane luy avoit portée, les recherches