Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/436

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qu’elle luy avoit faites, comment il l’avoit refusée, et l’extreme haine qui estoit née en elle de ce refus. Et pour verifier ce qu’il disoit, il me remit en mesme temps les lettres qu’elle luy en avoit escrites, et continuant son discours, me dict les conseils qu’elle avoit donnez à Ormanthe de le caresser, afin de me faire croire qu’il en estoit amoureux, me faisant entendre comme il l’avoit sceu. Et en fin il adjouta : Or cette ame traversée ; et pleine de malice, n’a tenu conte de l’honneur de sa niepce, afin de me nuire, et. de vous faire aymer Tersandre, ce qu’elle sçavoit bien ne pouvoir advenir qu’en me ravissant l’honneur de vos bonnes graces. Mais, ô dieux ! est-il possible qu’elle y soit parvenue ? Mais, ô dieux ! est-il possible que j’en doute, apres avoir veu recevoir des lettres dans des gands, et apres avoir veu la peine que vous prenez de faire bonne chere à un homme tant indigne de vous ? Mais quels plus seurs tesmoignages puis je avoir que vos parolles pour cognoistre que je suis miserable, que je suis condamné et que je suis perdu ? Or bien, Madonte, puis que ma mauvaise fortune est cause que ce genereux courage que j’ay tousjours recogneu en vous, s’est non seulement souillé de l’inconstance, mais d’un chois encore qui est si vil et honteux, il ne sera pas vray que je survive vostre amitié, et veux faire paroistre que j’ay assez