Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/44

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d’avantage en son opinion. En fin elle luy dit : Je pense, Silvandre, que c’est par gageure que vous me voulez desplaire en me tenant ces paroles, ou bien que vous les voulez estudier icy pour les sçavoir mieux dire que quand vous serez aupres de vostre maistresse. – Si cela estoit, interrompit Astrée, il voudroit mieux que tout à fait il parlast que comme si vous estiez Diane, que non pas de vous entretenir par personne empruntée. – Ce m’est tout un, respondit Silvandre, pourveu que je luy fasse entendre la qualité de mon affection. Et lors qu’il s’y preparoit : Je vous conjure, dit Phillis par la personne du monde que vous aymez le plus, de me laisser en repos, et que vous vous consentiez, que je sçai plus de vostre affection que vous ne sçauriez m’en dire. – Ces adjurations, dit-il, sont trop fortes, pour y contrevenir, et la declaration que vous me faites trop advantageuse pour ne m’en contenter ; c’est pourquoy je me tairay, puis que vous le voulez ainsi. – Vous m’obligerez en cela, dit la bergere ; car je ne puis souffrir vos paroles, et plus encores, si, faisant vostre devoir, vous alliez aider à Diane que j’ay laissée bien empeschée à la porte de sa cabane, apres Florette, sa chere brebis, qui se meurt. – Si vous me le commandez, repliqua Silvandre, et que vous vueilliez avoir soin de mon troupeau, jusques à mon retour, je le feray. – S’il ne faut que cela, dit Phillis, je vous le commande, et veux bien prendre garde au troupeau, sur lequel vous vous excusez.