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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/45

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Lors Silvandre, comme s’il n’eust osé contrevenir à ce qu’elle luy ordonnoit, apres avoir fait une grande reverence à la nymphe, et à Paris, et puis à toute la troupe, s’en alla courant, où estoit Diane, laissant Philis la plus contente du monde de son depart, et au contraire lycidas le plus jaloux berger de tous ceux de ceste contrée. Car encore que les discours de Silvandre lui eussent despleu, si est-ce que les inquietudes qu’il remarquoit en Phillis, luy estient bien pus cuisantes ; mais le commandement et la conjuration qu’elle luy avoit faite par la personne qu’il aymoient l’offençoient bien d’avantage. Mais quand il se representoit qu’elle avoit receu ses brebis en garde, ceste action le toucha au coeur encore plus vivement ; et toutesfois la pauvre bergere avoit mieux aymé prendre ceste peine, que de souffrir d’avantage les paroles qu’elle pençoit estant tant ennuyeuses à Lycidas. Voilà comme quelque fois nos desseins ont des effects tous contraires à nos intentions !

Cependant Silvandre aprochant de la cabane de sa bergere, vid que Phillis ne luy avoit point menty ; car Diane estoit assis en terre, et tenoit sa chere brebis en son gyron, comme si elle eust esté morte. Quelquesfois elle luy souffloit à la bouche, et d’autres fois luy mettoit du sel dedans, mais sans effect, par ce qu’elle ne revenoit pint si tost de son assoupissement, qu’elle