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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/444

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lieu commode pour son dessein, le plus reculé du passage commun, il declare son intention à Halladin, l’instruit de ce qu’il doit faire, et en fin luy donne ce qu’il escrit à Tersandre. Ce jeune homme desireux de servir son maistre selon ses commandemens, trouve Tersandre, et fait si à propos son message, que personne ne s’en prit garde. Mais pourquoy perdrois-je plus de parolles en ce sujet ? Thersandre s’y en va, ils mettent la main à l’espée, Damon est vainqueur et laisse Tersandre esvanouy sur la place avec trois grands coups dans le corps. Il est vray qu’il n’estoit guiere mieux, toutesfois il eut assez de forcé pour prendre la bague que Leriane avoit donnée, et remontant à cheval, commanda à Halladin de le suivre.

Quant à moy qui voulois en toute façon contenter ce chevalier, apres toutesfois l’avoir tancé de son imprudence, je l’allois cherchant de l’oeil parmy les autres, et demeuray un peu estonnée de ce que je ne le voyois point, ne songeant au malheur qui estoit arrivé, lors qu’apres disner, ainsi que quelques unes de mes compagnes et moy, nous promenions sur le soir dans un jardin, je vis arriver Halladin qui s’estant addressé à moy, me demanda si Leriane n’estoit point pres de là. Et l’ayant fait appeller, il luy addressa sa parole en ceste sorte : Leriane, mon maistre qui sçait bien le contentement que