Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/46

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ne retombast, comme elle estoit, en terre, apres avoir tourné longuement, dont la bergere estoit fort en peine, pour ce que c’estoit celle qu’elle aymoit le plus. Et lors qu’elle en estoit le plus desesperée, et que peut-estre elle accusoit quelqu’une de ses voisines de sortilege, et de l’avoir regardée de mauvais oeil, Silvandre s’en approcha, et apres l’avoir saluée, il luy demanda ce qu’elle faisoit en terre. Vous le pouvez voir, luy dit-elle, sans que je le vous die, si vous regardez en quel estat est ma chere Florette. Le berger se mettant lors à genoux, la cosidera attentivement, puis luy toucha les aureilles, luy regarda la langue dessus et dessous, la leva sur les pieds, et en fin luy boucha les nazeaux avec les doigts pour l’empescher de respirer, mais soudain qu’il la laissa en liberté, apres avoir à demy éternué, elle recommença ses tours et les continua jusques à ce qu’elle se laissa choir. Silvandre alors ayant bien recogneu son mal, se tournant tout joyeux vers Diane : Ne vous faschez point, luy dit-il, ma belle maistresse, vostre chere Florette sera bien tost guerie, et son mal ne procede point de sortilege, mais plustost de l’ardeur du soleil, qui lui ayant offencé le cerveau d’ou procede la source des nerfs, luy donne ce mal que nous nommons , respondit Avertin. Le temps sans doute la gueriroit sans