Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/450

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la lettre, qu’il m’escrivoit, qui se trouva telle.

Lettre de Damon à Madonte

Madame, Puis que la connoissance que vous eustes hyer de ma veritable affection, et de la malice de Leriane, ait lieu de m’estre favorable, a sans plus esté cause de vous faire favoriser d’avantage une personne qui en est tant indigne, renoitvellant par une bague les asseurrances de la bonne volonté que vous luy avez promise, je me resous de vous faire voir par mes armes que celuy à qui vous faites ces faveurs n’est capable de les conserver contre celuy à qui vous les refusez injustement, et que si elles se pouvoient acquerir par valeur ou par affection, il n’y auroit Personne qui les deust pretendre que moy. Et toutes fois, jugeant que je ne merite de vivre, puis que j’ay le courage d’aymer celle qui me mesprise Pour un homme de si peu de valeur, si le sort des armes, comme je n’en suis point en doute, se tourne à mon advantage, je vous promets que la veue que vous aurez de moy, ne vous donnera jamais desir de vengeance pour vous avoir osté vostre cher Tersandre, ou le fer, l’eau et le leu ne seront