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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/457

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Les fenestres qui estoient bien fermées, et les rideaux bien tirez, empeschoient que la clarté ne pouvoit entrer dans loa chambre, de sorte qu’il n’y avoit personne qui s’en prist garde.

Or Leriane fut advertie par sa niece, que je ne faillois point toutes les apres-disnées de me renfermer de ceste sorte, par ce que je ne hayssois point Ormanthe, encor qu’elle fust en partie l’instrument de mon mal, cognoissant bien qu’elle n’ y avoit rien fait de malice, si bien qu’elle estoit tousjours demeurée parmy mes filles, et à ceste fois mesme elle declara à Leriane ce que je vous viens de dire, plustot par simplicité que par malice. Mais sa tante wui ne songeoit qu’a me ruiner entieremen : de reputation, voire à me faire perdre la vie, de peur que je ne declarasse à Leontidas les meschancetez qu’elle avoit faites, pensa s’avoir trouvé un bon moyen pour parvenir à la fin de ses desirs. Et parce qu’elle avoit sçeu que Tersandre m’avoit dit tous les artifices dont elle avoit usé contre Damon et contre moy, elle tourna en haine mortelle toute la bonne volonté qu’elle luy avoit portée. Et d’autant qu’il n’y eut jamais un esprit plus plein de ruze et de malice que celuy de ceste femme, elle pensa de se venger tout à coup de Tersandre et de moy, et voicy les moyens qu’elle tint. Elle demanda à Ormanthe depuis quand elle pensoit estre enceinte ; et apres avoir conté, elle trouva qu’elle estoit