Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/458

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dans son neufiesme mois, dont elle fut tres-aise. Et apres luy avoir donné bon courage, et commandé qu’elle tint bien secret son gros ventre, elle luy dit qu’aussi tost qu’elle sentiroit quelques trenchées, elle l’en fist advertir, et que cependant, le plus souvent qu’elle pourroit, elle se mist dans mon lict en ma place pour recevoir les messages, ainsy que je vous ay dit.

Et bastissant sa trahison la dessus, elle vint trouver la femme de Leontidas qui retirée de toute compagnie, regardoit l’estat des affaire de sa maison. Et apres s’estre mise à genoux devant elle, elle la supplia de luy vouloir pardonner la nonchalance dont elle avoit usé en se qui me concernoit. Et parce qu’elle cognoissoit bien que ceste dame estoit plus offencée, à cause de mon bien, que pour la perte qu’elle faisoit de moy, d’autoant qu’il n’y avoit d’apparence que son neveu me deust espuser, veu l’opinion que l’on de Damon, elle ajouta ces parolles : Que s’il vous plasit, madame, me remttre en vos bonnes graces, jevous donneray un moyen infaillible et tres-juste pour rendre vostres tous les biens de Madonte. Cette dame oyant ceste proposition tant selon son humeur, s’adoucit un peu, et sans luy repondre aux autres points que elle avoit touchez, elle luy dit : Et quel moien avez-vous pour effectuer ce que vous dites ? – Je le vous diray en peu de mots, respondit