Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/47

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autre remede, mais par ce qu’elle languiroit trop, si vous me donnez le loisir, je cognois une herbe, et j’en ay veu dans ce pres le plus proche, qui pour certain la rendra saine incontinent. – Comment ? respondit la bergere, toute joyeuse de ces bonnes nouvelles si je vous donneray ce loisir ? n’en doutez nullement, elle m’est trop chere pour ne rechercher sa guerison par tous les moyens qu’il me sera possible. Et pour vous en rendre preuve, je veux aller avec vous pour en cueillir et recognoistre ceste herbe, à fin de vous exempter de ceste peine, si j’en ay affaire une autre fois. – Je recevray, dit-il, un double contentement si vous venez : l’un de vous rendre cet agreable service attendant que ma fortune me donne les moyens de vous en faire un meilleur, et l’autre d’estre aupres de vous qui est bien le temps le mieux employé de toute ma vie.

A ce mot, laissant ceste brebis en garde de ceux qui estiont en sa cabane, ils vont cueillir ceste herbe, non pas que durant le chemin Diane ne remerciast le berger de la bonne volonté qu’il luy faisoit paroistre. Et parce que Silvandre en la venant trouver, avait remarqué par hazard le lieu où ceste herbe estoit, il en trouva incontinent, et en ayant amassé une bonne poignée, la pila entre deux cailloux, et s’en retournant, en pressa le jus avec les deux mains dans les aureilles de la brebis qui ne l’eut pustost bien avant dans l’aureille qu’elle se leva, secouant un