enfant. Et pour parachever sa trahison, elle porta l’enfant avec la sage femme à Leontidas tout à descouvert estant bien aise que chacun le vist sortir de ma chambre et de on logis. Je l’ouys bien crier du cabinet où j’estois mais ne me doutant en façon du monde de ceste meschanceté, je ne voulus me destourner de mes tristes pensées. Elle s’adressa premierement à la femme de Leontidas, et avec le tesmoignage de celle qui avoit accouché Ormanthe, elle luy donna une telle asseurance que l’enfant estoit mien, qu’elle le creut et Leontidas aussi. Mais pour couvrir encores mieux cette trahison, elle dit à cette dame, qu’elle la supplioit de se contenter d’avoir mon bien, et que si elle me voiloit conserver la vie, elle s’asseuroit que je ne ferois point de difficulté, vau la faute que j’avois faite, de le luy donner, et me refermer pour le reste de mes jours entre les filles Druides ou Vestales. Que se seroit une oevre tres-agreable à Dieu de me sauver la vie pour ne diffamer point une si bonne et honorable famille que la mienne ; qu’encores que j’eusse commis une si grande faute, elle ne pouvoit toutesfois oublier l’amitié qu’elle m’avoit portée, cependant que je vivois selon mon devoir, et que c’estoit la seule occasion qui luy faisoit faire ceste priere.
La femme de Leontidas qui n’avoit pas dessein sur ma vie mais sur mon bien seulement, y consentit sans