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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/465

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grande difficulté ; mais Leontidas, qui estoit homme d’honneur et qui n’y tournoit point les yeux, fut longtemps auparavant que de s’y accorder. En fin l’importunité de sa femme, jointe aus feintes larmes de Leriane, et le souvenir qu’il eut de quelques obligations, dont mon pere l’avoit autresfois lié le vainquirent, si bien qu’ils donnerent charge à Leriane de me persuader ce qu’elle leur avoit proposé.

Or le dessein de ceste mailicieuse creature n’esoit pas celuy-là, mais elle eut peur que si sur l’heure j’eusse esté visitée, l’on n’eust trop aysement reconnu que je n’avois point fait d’enfant, de sorte qu’elle desira de faire en façon que quelques jours s’escoulassent, apres lesquels la connoissance n’en fust pas si asseurée. Et pour rendre la chose plus vraysemblable, elle supplia Leontidas et se femme de luy donner quelques uns pour voit l’estat où j’estois ; ce qu’ils firent, commandant à une vieille damoyselle et à un vieil chevalier qui estoit de leur maison, et ausquels ils avoient beaucoup d’asseurance, de suivre Leriane. Elle, avec la sage femme, apres avoir mis l’enfant à nourrice, les conduit dans ma chambre, s’approche du lict. Mais lors qu’elle n’y trouve personne, elle fait de l’estonnée, elle le descouvre et leur montre les marques d’un accouchement et feignant de ne sçavoir où j’estois,