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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/48

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peu la teste ; et apres avoir éternué deux ou trois fois se print à béeler comme si elle eust appellé ses compagnes, et puis commença de baisser le nez contre terre pour chercher à manger. Mais Silvandre, la prenant sur son col, la remit en son estable, et dit à Diane qu’elle ne la laissast point sortir de tout le jour, parce qu’encore que ce mal en quelques-unes procedast quelques fois des herbes qui les enivrent, toutesfois que le mal de la sienne à ce coup n’estoit causé que du soleil, et qu’il falloit empescher qu’elle n’en fust pas si tost retouchée.

Diane ne se contentant pas d’avoir veu la guerison de sa chere brebis, et de cognostre l’herbe veue, voulut encore sçavoir le nom. Elle a divers noms, respondit Silvandre, quelques-uns l’appellent Orval, d’autre la Toute bonne, et nos mires Scarlée, mais pourquoy n’avez-vous autant de curiosité de conserver tout ce qui est à vous ?- Quand je vois le mal apparent, dit-elle, de ce qui non seulement est mien, mais à qui que ce soit, j’en donne le remède le plus propt que je puis. – Pleust à Dieu, répondit le berger, que vous fussiez aussi veritable que j’espreuve que vous estes le contraire !- Il ne faut pas, repliqua Diane en souriant, que vous effaciez l’obligation que je vous ay pour le salut de ma chere Florette, en m’injuriant de ceste sorte, et vaux mieux que