Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/471

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mon bien, ce que le roy accorda librement. Et toutesfois ce bon prince se souvernant des services que mon pere avoit faits à Thierry son pere n’estoit pas sans desplaisir de mon desastre. La premiere nouvelle que j’en sceus fut que les soldats de la justice se vendrent saisir de moy, et cachetterent ma chambre et mon cabinet, et en mesme temps me conduisirent devant le roy sans m’en dire le sujet. Dieux ! Quelle devins-je quand j’ouys les parolles de Leriane ! Je demeray sans pouvoir proferer un seul mot fort long temps ; en fin estant revenue à moy, je me jettay à genous devant la royne, la suppliay de ne croire point cette meschante femme ; que je luy jurois par tous les dieux qu’il n’en estoit rien, qu’il n’y avoit preuve que je ne fisse de ma pudicité, et que par pitié elle prist la cause d’une innocente.

Le roy fust plus esmeu de mes parolles qu la royne, fust qu’il eust plus de memoire des services de mon pere, fust que ma jeunesse et mon visage le touchassent de pitié, tant y a que se tournant vers Leriane : Si ce que vous proposez, dit-il, n’est point veritable, je vous promets par l’ame de mon pere, que vous soufrirez la mesme peine que vous preparez aux autres.

Sire, dit-elle tres-asseurement, je prouveray ce que je dis, et par tesmoins et par les armes. – Tous les deux, dit le roy, vous sont