que ceux qui autrefois portez d’amour eussent entrepris pour moy cent combas semblables, en estoient refroidis par la creance qu’ils avoient que je les avois tous desdaignez pour Tersandre. Voyez combien une faulseté est difficile à estre recognue quand elle est finement desguisée !
En fin voicy Tersandre qui entre dans le camp, resolu de les combattre tous deux, sçachant bhien que la justice estoit de son costé. Il fut ordonnée par les juges que si durant le combat quelque chevalier se presentoit pour moy il seroit receu, et que Leotaris et son frere pouvoient, ou ensemble ou separément, combattre Tersandre, s’ils le vouloient. Ces deux freres avoient du courage et estoient personnes d’honneur, de sorte qu’ils vouloient le prendre l’un apres l’autre ; mais Leriane leur dit qu’elle ne le vouloit pas, de sorte que, ne luy osant desplaire, ils coururent tous deux contre luy.
Pensez, sages bergeres, en quel estat je devois estre ! Je vous asseure que j’estois tellement hors de moy que je ne voyois pas ce que je regardois. En ce temps le soleil, suivant la coustume, fut esgalement partagé, les deffences ordinaires furent faites, et le commandement estant donné, les trompettes sonnerent. Tersandre qui veritablement a du courage, remettant sa