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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/477

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confiance en la justice des dieux, donne des esperons à son cheval, bien couvert de son escu, et frappe de son bois le frere de Leotaris, sur lequel il re rompt sans effect ; mais luy, atteint en mesme temps des deux lances, est porté par terre avec la selle entre les jambes. Leriane voyant un si grand advantage pour les siens estoit pleine de contentement, et au contraire je mourois de peur. Tersandre se voyant en telle extremité, ne perdit point l’entendement, mais courant à son cheval, luy osta la bride avant qu’ils fussent revenus à luy. L’animal qui estoit courageux se sentant sans selle, sans bride, se met à courre par le camp et comme si Dieu l’eust inspiré, se joint à Leotaris et à son frere, et commence à coups de pieds et à coups de dents de les assaillir si furieusement, qu’au lieu d’attaquer Tersandre, ils furent contraints de se deffendre de son cheval. Cela les amusa quelque temps, parce qu’ils ne le peurent tuer si tost qu’ils pensoient à cause de la legereté et des coups qu’il leur donnoit ; en fin ils en vindrent à bout, et animez contre Tersandre pour ceste ruze,resolurent de finir promptement le combat. Et pource, s’addressant tous deux à luy, il ne peut faire autre chose que se mettre aupres de son cheval, qui estoit mort en l’un des bouts du camp, ce qui luy servit beaucoup,