Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/478

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d’autant que les chevaux de ses ennemis ayant frayeur du mort, ne s’en vouloient approcher qu’avec peine, et cela mena le combat à une grande longueur.

En fin Leotaris voyant qu’il n’en pouvoit venir à bout, se resolut de mettre pied à terre, ce que son frere fit aussi, et laissant aller leurs chevaux par le camp, s’en vindrent tous deux contre Tersandre, qui certes fit tout ce qu’un homme pouvoit faire ; mais ayant en teste deux des plus forts et courageux chevaliers d’Aquitaine, il luy fut impossible de faire longue resistance. Il estoit donc des-ja blesé en divers lieux et avoit tant perdu de sang qu’il n’avoit plus la force de se deffendre longuement, lors que les dieux eurent pitié de moy et firent presenter à la barriere du camp un chevalier qui demanda d’entrer pour deffendre et moy et Tersandre. Elle luy fut incontinent ouverte, et parce qu’il vid bien que Tersandre estoit reduit à l’extremité, il pousse son cheval furieusement contre eux ; mais lors qu’il leur fut aupres, il s’arresta sans les attaquer, et leur cria : Cessez, chevaliers, d’offencer plus longuement les loix de chevalerie, et vous addressez à moy qui suis envoyé si à propos pour vous en punir.

Leotaris et son frere oyant ceste voix se reculerent bien estonnez de se voir à pied, craignant qu’il ne se voulust servir de l’advantage qu’il avoit de son cheval.