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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/49

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nous allions chercher mes compagnes qui sans doute seront en peine de moy.

A ces dernieres paroles, apres avoir ramassé son troupeau, elle le chassa du costé du carrefour de Mercure, plus aise de la guerison de sa brebis, qu’elle ne le pouvoit dire. Et par le chemin elle apprint que Leonide et Paris estoient avec les bergeres qu’elle cherchoit ; et, peu apres elle les vit tous qui venoient droit à elle, par ce que Paris estant en peine du déplaisir de diane, avoit esté cause que toute la trouppe s’acheminoit vers elle, pour essayer, si on pourroit donner quelque secours au mal de sa brebis. Mais lors qu’il la virent de loing, il s s’arresterent, pensant où qu’elle fust guerie ou morte.

Et, de fortune, ce fut justement au carrefour de Mercure, où quatre chemins venoient aboutir ; et par ce que la baze, sur laquelle le terme de Mercure s’eslevoit, estoit rehaussé de trois degrez, ils s’assirent tous à l’entour. Et jettant le veue, qui deçà qui delà, Leonide apperceut venir du costé de Mont-verdun deux bergers, et une bergere, qui sembloient n’etre bien d’accord, parce que les actions qu’ils faisoient des bras et de tout le reste du corps monstroent bien qu’ils diputoient avec passion ; mais sur tout la bergere les repoussoit, et esloignoit d’elle tantost l’un, tantost l’autre, sans vouloir escouter. Quelquesfois ils s’arrestoient et la retenoient par sa robbe, comme si ils l’eussent