Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/483

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de porter tesmoignage, et moins contre elle que contre tout autre, parce qu’elle l’avoit rudoyée et chastiée de ses vices. Mais toutes ses deffences furent de nulle valuer, et la verité fut assez connue ce chacun, tant pour les particularitez que cette fille en disoit, que pour le rapport de la sage femme qui advoua de ne l’avoir jamais veue au visage. Et parce que chacun batoit des mains, et que le peuple ayant sceu les malices de Leriane, commençoit de luy jetter de pierres, le roy commanda que la justice en fust faite ; et se voayant preste à estre jettée dans le feu, elle se resolut de dire la verité, touchée de la memoire de tant de meschancetez. Elle demande donc d’estre ouye, et declare toutes ses trahisons, m’en demande pardon et puis volontairement se jette elle-mesme dans le feu, où elle fait sa vie, au contenentement de tous ceux qui avoyent ouy ses mailices.

Cependant que ces choses se demesloient, le chevalier qui m’avoit delevrée, ne voulant estre connu, à ce que je pense, se retira sans que personne s’en prist garde, et moy me le trouvant point, je demeuray avec beaucoup de desplaisir pour le peu de remerciement que je luy avois fait. Je fis tout ce que je peus pour en sçavoir des nouvelles, mais il me fut impossible d’en apprendre jusques au