Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/484

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lendemain, qu’un homme du pays qui l’avoit rencontré, et auquel il avoit parlé, me vint trouver de sa part, et me fit entendre que s’il n’eust esté pressé de partir, il eust attendu tant qu’il m’eust pleu, pour me conduire oú je luy avois commandeé, mais qu’il avoit promis à une dame de l’assister en une affaire qui l’emmenoit du costé de la ville de Gergovie ; que s’il en revenoit, et que j’eusse affaire de son service, ou pourroit sçavoir de ses nouvelles au Mont-d’or, et que pour estre reconnu, il ne changeroit point la marque estoit en son escu. Et luy demandant quelle elle estoit, parce que le jour precedent, j’estois si estonnée, que je n’y avois pris garde, il me respondit que c’estoit un tigre qui se repaissoit d’un cœur humain : avec ces mots TU ME DONNES LA MORT, ET JE SOUSTIENS TA VIE.

Or, discrettes Bergeres, il faut que j’abbrege ce long discours. Il fut ordonné que je sortirois des mains de Leontidas, à cause que se femme avoit demandé mon bien, et que je serois remise en ma liberté. Et la pauvre Ormanthe, pour n’avoir esté poussée à tout ce qui s’estoit passé que par l’artifice de sa tante, fut renfermée dans des maisons destinées à semblables punitions, où telles femmes vivent avec toute sorte de commodité, sans toutesfois en pouvoir jamais sortir.